Chez les influenceurs, une difficile reconversion écologique


Capture d’écran extraite de la vidéo « Cœur brisé » postée sur la chaîne YouTube de Sandrea.

Sandrea n’imaginait pas faire carrière dans l’influence, et avait encore moins envisagé que son mode de vie devienne une source de revenus. Début 2009, la jeune femme, diplômée d’une école de coiffure, commence à partager ses conseils avec une poignée d’abonnés. « En 2012, j’ai touché mes premiers revenus YouTube, se souvient-elle. Avec cet argent, je me suis payé un aller simple pour les Etats-Unis, où vivait mon mari. »

Expatriée à des milliers de kilomètres de chez elle, coincée sur une base militaire américaine et sans permis de travail, elle mise alors tout sur la création de contenu. Maison de 400 mètres carrés dans le Tennessee, vêtements qui s’amoncellent au même rythme que gonfle le nombre de ses abonnés (elle en compte aujourd’hui 1,4 million), multiplication des partenariats et des voyages au bout du monde tous frais payés… sa vie prend des allures de conte de fées consumériste.

Arrivent 2019, la pandémie, l’isolement. Trois ans plus tard, Sandrea est toujours influenceuse mais promeut à présent féminisme, écologie et santé mentale.

Prise de conscience

La trentenaire fait partie des (rares) acteurs de l’influence à avoir pris un virage vert. « Avec le Covid, je ne pouvais plus fuir, se souvient-elle. D’un coup, j’étais immobilisée. […] J’ai plongé dans une spirale de réflexion et je me suis rendu compte que ce que je prônais était profondément antiécologique. »

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Crise de sens. Pendant deux mois, Sandrea disparaît des réseaux sociaux. Puis change radicalement sa ligne éditoriale pour mettre en avant ses questionnements politiques et écologiques. « Après dix ans à parler de rouge à lèvres, je me retrouve à vulgariser la psychologie et à raconter ma transition écologique, résume-t-elle. Ça plaît à une partie de mon audience, ça déplaît à d’autres. L’important, c’est d’être honnête et de faire ma part. »

« On ne peut plus juste être des hommes et des femmes-sandwichs qui promeuvent tout et n’importe quoi » – Lydia__am, influenceuse

Une prise de conscience fulgurante, à l’image de celle que traversent d’autres créateurs de contenu, comme « Vinz » Vincent Kanté, influenceur belge aujourd’hui à la tête de la chaîne YouTube écolo « Limit », ou Louise Aubery (@mybetterself sur Instagram, 553 000 followers), qui prône de plus en plus la consommation responsable. Présente sur Twitch et Instagram, connue pour sa participation à l’émission de jeux de rôle en streaming « Games of Roles », Lydia__am adhère à cette approche de l’influence éthique : « Je ne mets en avant que des vêtements que je vais porter, que des produits que je pourrais consommer, explique celle qui travaille encore comme analyste de tendances. C’est un choix personnel, en lien avec mes engagements. C’est aussi une demande de la part de l’audience, de plus en plus exigeante avec les influenceurs. On ne peut plus juste être des hommes et des femmes-sandwichs qui promeuvent tout et n’importe quoi. »

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Catégorie article Politique

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